Claude, Morgane, François, Marc, Michel et Jean-Paul, nous relevons l’équipage parti de St-Malo. Celui-ci nous accueille sous un beau-soleil et nous passe les consignes au “bar du Monde” autour d’un fish’nd ships. Ensuite complément d’avitaillement et le lendemain matin derniers examens et exercices de sécurité. Nous partons pour Sein que nous atteignons dans la soirée, sous un ris puis deux. Nous mouillons devant le village typique aux toits d’ardoise, près de la croix de Lorraine en souvenir des résistants de l’Ile, tout en surveillant  quelques cailloux menaçants.

Après une nuit sans histoire et la visite du village, toujours sous un beau soleil, nous partons le lundi, après le déjeuner, à  l’étal. Le vent est favorable et nous filons allègrement. Il nous faut ensuite organiser les quarts, qui se passeront sans problème. Températures idéales, vent presque toujours favorable, la nuit avec le ciel étoilé, les discussions passionnées .... Que demander de plus!  On se croirait en plein été. Un oiseau affaibli (peut-être une colombe) a élu domicile à l’avant du bateau. Les dauphins nous accompagnent en soirée et font leur numéro près de l’étrave.

                                          

Nous atteignons la Corogne par un vent assez fort. Sur une droite ligne à cinq nœuds de moyenne. Enfin droite, en gros parce que dans le détail… Le Gascogne mérite bien son nom. La première syllabe évoque un bon ga(r)s et en effet la première nuit est douce et peuplée d’étoiles. De même que le jour suivant où la risée Diesel est parfois utilisée. La deuxième syllabe se présente dès la deuxième nuit et là on félicite François d’avoir gréé le solent dès le départ. C’est un début. Le vent forcit et l’Atlantique décide de nous montrer la variété de figures obtenues en conjuguant une houle du NW et une mer de vent d’Est. L’occasion idéale pour l’équipage de se rappeler que la voile est la méthode la plus onéreuse pour vivre inconfortablement et que le mouillage d’une nuit à Sein n’avait peut être pas constitué un amarinage suffisant pour tous. Sirénade s’efforce de suivre. On l’aide avec un troisième ris en fin d’après-midi avant d’atteindre la ria de la Coruña, constellée de phares, où les éléments se calment pour une arrivée vers quatre heures. Le sommeil de l’équipage s’ensuit, profond. Etre à la Coruña, c’est bien. Mais qu’y faire à part admirer la tour de contrôle du port, sorte de H étroit aux jambes hautes ? Visiter la ville, faire les courses et manger du poisson, bien sûr, pour le premier jour. Constater qu’il pleut des cordes le lendemain matin et en profiter pour visiter le castel St Anton voisin, ancien fort devenu musée historique et préhistorique.

Quitter les cirés l’après midi pour escalader la Torre de Hercules, le plus ancien phare du monde encore en fonctionnement, œuvre romaine du 1er siècle et qui fut peut être le premier que nous aperçûmes lors de l’approche (FI4,20s). Paysage remarquable. A voir sans oublier de jeter un œil sur l’aquarium voisin et ses deux sympathiques bassins extérieurs réservés aux phoques et otaries. Les poissons ne comprenant sans doute que l’espagnol ou le galicien, toute autre langue est exclue.

Car l’usage du Galicien est très explicitement revendiqué sur toutes les inscriptions publiques. Il se distingue pratiquement de l’espagnol, pour autant que l’on puisse en juger, surtout par l’ajout de X (prononcer tch) diversement placés. Mais l’important n’est pas cela, plutôt l’amabilité sans faille de tous nos interlocuteurs. Le sourire est un charme de la Galice ajouté à celui de ses paysages.

Retour à la vie marine avec la fructueuse  pêche aux maquereaux de Jean-Paul assisté de Morgane et leur transformation en filets et rillettes sur la route des îles Sisargas (27/5). L’espèce humaine s’est contentée d’y implanter un phare et un petit débarcadère, laissant la place à quelques milliers de goélands et quelques discrets lapins. A ce qu’on peut voir, et il vaut mieux faire attention pour ne pas les écraser, la maman goéland rassemble trois gros œufs au sol dans un nid de mousse et les protège avec l’aide bruyante de toute la communauté en effectuant des vols en rase oreilles et des lâchers de fiente sur les visiteurs identifiés. Un couvre chef est fortement conseillé.

Dimanche 28, un mouillage, une marina. Celle de Camarinas dans la ria du même nom est la première qui nous place face à l’ouest plutôt qu’au nord. S’ensuit celle de Portosin, ria de Muros y Noia, dont le paysage et les sanitaires peuvent satisfaire les plus exigeants. Aucun problème de place, à cette saison en tous cas, les pontons des marinas ne sont peuplés que de navigateurs d’âge généralement respectable, français souvent,  qui descendent aux Canaries, remontent de Méditerranée où même des Açores. De quoi alimenter les discussions.

Et puisque nous en sommes proches, Santiago de Compostela est un passage obligé. Autobus et autocars fonctionnent bien et là encore la saison permet d’entrer dans la cathédrale, ce qui est presque impossible (et étouffant) au mois d’août, et de visiter les musées dans d’excellentes conditions. La ville ancienne est piétonnière - c’est une ville musée  - mais Santiago est aussi la capitale de la Xunte et du Parlement de la communauté autonome de Galicia.

Retour à Portosin et baignade de Claude et de Morgane sur la plage voisine, bravo.

Sur le chemin de l’arrêt suivant, Villanova de Arousa, bord de spi à la grande joie de Michel (des autres aussi) jusqu’à l’entrée de la ria. Après il vaut mieux être prudent, un quadrillage de viveros de mollusques et crustacés occupe l’espace (on peut les voir sur Google Earth) mais sont bien balisés. Le port commercial comporte d’ailleurs une cinquantaine de bateaux de travail diversement équipés.  Et l’eau est chaude (relativement) pour la baignade du soir. Au sud du cap Finistere la température s’élève assez nettement.

Nous sautons la ria de Pontévedra avec un long bord de spi pour arriver à Vigo, une grande ville (12% de la population galicienne) avec des trafics maritime et terrestre incessants.

Une fois apponté (sportivement grâce au vent et l’étroitesse des lieux), la marina est assez agréable. Le lendemain matin, après avoir chaleureusement quitté Marc qui reprend un avion le lendemain à Porto (c’était prévu dès le début), nous prenons un bus pour se diriger vers un parc avec un petit château musée (meubles, tableaux..), jardins à la Française. On revient ensuite dans le centre ; les autochtones sont aimables et on trouve un bon petit repas sur une place très fréquentée. De retour au port, la sortie se fait sans encombre, malgré le vent et l’entrée de port très sinueuse. A peine sorti, vent assez fort et surprise : porte-avions à bâbord. Nous le mitraillons (pacifiquement). Il s’agit en fait d’un navire porte hélicoptères et avions à décollage vertical Espagnol ! Le bateau « pompier » chasse les imprudents qui s’approcheraient trop près. Impressionnant tout de même. Il se met lentement à quai. Cà va être chaud dans les bars ce soir.

(PS: pour information, nous avons également croisé un sous-marin en surface.)

Une fois l’émotion passée, vêtements chauds et cap sur les iles Cies. Vent favorable 17 noeuds, près serré et 8,5 noeuds pendant 2 heures avant de mouiller devant une petite plage, que nous visitons après avoir gonflé l’annexe. Ce soir on a l’âme nostalgique, on écoute G. Brassens et Graeme Allwright.

Le lendemain visite de la grande île Cies par grand beau-temps. Un peu d’exercice vers le sommet avec son phare radar. La vue est magnifique sur les îlots et la côte ; Au retour vers le bateau, les nageoires de la sirène Morgane se dessèchent ! Elle rentre à la nage.

La météo a annoncé une dépression avec 20 nœuds mini ; nous partons et effectivement elle arrive. On prend 2 ris avec le solent. D’abord des bords au près puis de grandes et belles vagues par l’arrière, au fur et à mesure du contournement de l’ile. On passe tous à la barre, qui est sportive. Cap sur Baiona, là où la Pinta est revenue en 1493 ! Nous arrivons en fin de régate, quelques spis ont soufferts. Surprise, pas de catway des pendilles ou assimilés ! On n’est pas encore en Méditerranée pourtant. Amarrage par l’arrière, mais pas de difficulté.

Nous conseillons les ruelles de Baiona et la multitude de tavernes, estaminets, restaurants où nous trouvons à nous « restaurer local » (poissons, crustacés, coquillages dont « Pousses pieds » et couteaux, …) et Demain on passe la frontière !

A Baiona réveil tardif sous un soleil éclatant.

Un triathlon démarre et des centaines de nageurs passent non loin du bateau et on les verra une partie de la journée tourner dans la vieille ville en vélo puis à pied. Nous partons après le repas, passons la frontière à La Guardia  et continuons le long des côtes Portugaises par vent arrière. Nous  arrivons par plus de 20 nœuds de vent à Viana do Castelo où nous passons la nuit sur le ponton visiteur la capitainerie ne réponds pas ! Le port est minuscule et plein de bateaux, et son entrée est fermée par un pont ne s’ouvrant qu’à certaines heures. Une bonne heure plus tard après notre appontage, le capitaine de port se présente dans un français impeccable et nous garantit que la capitainerie et les sanitaires seront ouvert dès demain 8h pour faire les papiers et nous acquitter des droits de ports.

Le lendemain, difficulté à trouver les sanitaires et le personnel du port ; le “capitaine de port” apparait à 9h30, il a peu dormi !

Pleins de courage nous entreprenons l’ascension d’une colline surplombée d’une église (plusieurs centaines de marches) le funiculaire est en panne ! De retour, après quelques courses nous déjeunons et repartons rapidement car le vent n’est pas favorable et nous force à tirer des bords. Il commence à pleuvoir et il reste 30 miles pour Leixoes. Vers 18h, démarrons le moteur et arrivons de nuit à Leixoes au nord de Porto, sa raffinerie, son môle. Trouvons une place sur un catway et champagne - l’anniversaire de Morgane n’attend pas !

Porto est une ville surprenante, centrée sur le Rio Douro, et dont les rues ne cessent de monter et descendre de manière impressionnante ; pour donner un exemple, entre les touristes des quais du Douro et ceux de la travée supérieure du beau pont Luis I construit par un disciple d’Eiffel la hauteur est de 45m à escalader à pied ou en téléphérique, encore une fois le funiculaire est en panne !! Les randonneurs peuvent y trouver le moyen d’y enflammer à la fois leurs plantes de pieds sur le parcours des églises ornées d’azulejos et leur carte bleue dans les innombrables boutiques qui les entourent.

Que demander à une croisière ? Des sensations sur son parcours, des souvenirs à son retour, des découvertes aussi. De Brest à Porto nous avons eu les découvertes et les sensations. Les souvenirs sont déjà là. Souhaitons à nos successeurs les mêmes agréments.

Les rédacteurs : Marc et Jean-Paul.