EQUIPAGE : PATRICK, SYLVIE, JEAN-LOUIS, MARTINE, FRANCIS, VIRGINIE

 

La relève avec Yvon a finalement lieu à VILAMOURA, plutôt qu’à OLHAO qui est d’accès un peu complexe avec un grand tirant d’eau.

VILAMOURA est une modeste marina, entourée de 10 terrains de Golf et d’hotels internationaux au milieu d’une pampa de centaines d’hectares infestée de ronds points [1].

Différents modèles de Porsche sont garés autour des bassins, probablement pour éviter de payer les parkings. Un intermarché  tout proche nous permet de faire quelques courses.

 

Le lendemain, départ pour Ayamonte, rive espagnole du Rio Guadiana. Le temps est gris, il pleut même suffisamment  pour que nous enfilions nos vestes de quart, à l’exception de Francis qui tient à profiter de la température qui reste clémente. Le vent est soutenu et nous filons 8 à 9 nœuds, et nous embouquons bientôt le Rio Guadiana.

AYAMONTE est une petite ville frontière agréable, surtout sous le soleil. Le thon rouge y est bon marché, nous en profitons donc pour remplir notre congélateur. La cervoise coule également à flot. Nous dégustons nos premières tapas, les espagnols sont d’un commerce agréable, et les automobilistes laissent passer les piétons sur les passages protégés. La ville est très propre, comme toutes celles que nous verrons par la suite.


[1] La belle sœur du Gouverneur local est, parait il, négociante en round abouts.

 

Le lendemain, départ pour MAZAGON, plus de 20 nds de vent, temps ensoleillé, solent et un ris, toujours grand largue. On se souvient mal de MAZAGON, car la grande marina à moitié vide est loin de la ville : il faut grimper un peu pour trouver la seule rue animée où les quelques restaurants se disputent la clientèle locale : nous cédons aux invitations d’un tavernier ibère : une paella pour ce soir fera l’affaire.

Les sanitaires de la marina sont assez bien dissimulés, et plutôt  bien entretenus.

De MAZAGON, nous partons à ROTA :  Petite ville située en face de CADIX, dans le Golfe éponyme[1]. Le vieux centre jouxte la marina,  et il est truffé de petits restaurants sympathiques, qui servent entre autres du poulpe à la galicienne et de la bière.  La promenade de bord de mer est très agréable au soleil couchant.


[1] Ah ah !

 

Juste en face de ROTA se trouve CADIX :

Nous décidons de visiter CADIX, et une petite traversée nous mène à la marina de de Puerto America, tout près du port à conteneurs. Avec surprise, je découvre que l’hôtesse est la même qu’à ROTA. Elle est très honorée de voir que je la poursuis de mes assiduités maritimes et m’explique  qu’elle sera bientôt au chômage.

Nous nous mettons en route pour aller présenter nos hommages, et plus si affinités,  à la belle de CADIX, que nous trouvons  sur le port dans une tenue qui laisse peu à l’imagination (que nous avons pourtant grande).

Promenade sur les remparts, visite de toutes les vieilles pierres, cathédrale comprise.

C’est un morceau cette cathédrale, de la crypte à la tour des cloches en passant par toutes les chapelles intermédiaires, nous en  sortons avec une grande soif. Vite une cerveza !

Bon, c’est pas tout ça, mais il paraît que les vents passent à l’est dès le premier juillet de chaque année, et comme les courants portent facilement à l’est car la méditerranée s’évapore, il ne faudrait pas tarder à passer Tarifa.

Cap sur BARBATE, avec solent et 2 ris car le vent se renforce, toujours largue. Très vite nous arrivons à l’entrée de Barbate, moyennant le passage de quelques déferlantes sur les hauts fonds, et en évitant les filets à thon qui trainent un peu partout.

Nous rencontrons quelques baroudeurs nautiques en provenance du Maroc.

BARBATE c’est loin de la marina, il faut traverser un no mans land, de plusieurs km avant de trouver la ville.  No mans land temporaire, car nous croisons des semi remorques pleins de centaines de fûts de bière et des alignements de centaines de toilettes mobiles, en vertu du principe des vases communicants, le tout au milieux d’échafaudages qui nous font pressentir qu’une sorte de rave[1] ou de teuf géante est prévue pour bientôt.

Enfin, si le temps le permet, nous partirons avant que les fûts et les caisses ne soient mis en perce !

Le beau temps et le vent sont toujours là, bientôt les côtes du Maroc apparaissent, Nous croisons un zodiac de la croix rouge, qui patrouille dans le détroit à la recherche d’hypothétiques immigrants. Nous doublons Tarifa, et nous atteignons bientôt Gibraltar.



[1] Il ne s’agit en tout cas pas de rage qui pourrait servir de verve.

Les Britanniques ayant confirmé par le Brexit leur félonie foncière[1], nous décidons de relâcher en Espagne à ALCAIDESA, plutôt qu’à la Queen’s marina, par mesure de rétorsion.

Le soir, nous entendons un pauvre hère hurler à pleins poumons. Il s’agirait, nous dit on, d’une terrible maladie endémique du nom de « Flamenco », qu’il aurait contracté. Il en est au dernier stade de la maladie, et un matador en retraite a été  requis par ses voisins  pour abréger ses souffrances.  Il a gardé suffisamment d’habileté et de vigueur pour lui porter l’estocade salvatrice ; en récompense il pourra emporter, comme le veut la tradition, la queue et les deux oreilles... On se demande bien ce qu’il pourra en faire, mais il faut respecter les traditions.

Voyons maintenant  ce qui se passe à Gibraltar. On y rentre à pied, après avoir montré patte blanche à la douane. Il faut ensuite traverser, toujours à pied, la piste d’atterrissage, sans se faire écraser par les avions. Très vite on se retrouve en Angleterre, avec en plus du soleil, des singes et des palmiers, ce qui rend la situation plus supportable. Le téléphérique permet de monter au sommet du rocher, et de découvrir un paysage époustouflant : la baie de Gibraltar, le Maroc…



[1] Rappelons pour ceux qui n’auraient pas suivi les derniers épisodes : Jeanne d’Arc, Mers El Khébir, le système métrique…

Le Rocher est un vrai gruyère : une énorme grotte, style Padirac, et près de 50 km de tunnels militaires datant de plusieurs siècles.

Sur la marina  nous rencontrons un Gallois qui a beaucoup vécu au Liban en Algérie et en Angola. Quand je lui demande s’il travaillait dans le pétrole, il me répond par un geste d’épauler une arme, ce qui me fait comprendre qu’il est préférable d’éviter toute autre question dont je ne connaitrais pas la réponse.

Voilà que nous quittons Gibraltar pour La Duquesa. La mer est très forte, et le vent contraire cette fois ci (nous sommes le 1 juillet), et le courant est aussi contre nous, c’est sûrement un coup des anglais.

L’entrée de la Duquesa est un peu délicate, vu l’étroitesse de l’entrée, la proximité de la plage, et les déferlantes qu’il faut prendre par le travers.

 

 

 Sans les mains !

 

 

 

L’absence de cat way nous oblige au traditionnel mouillage sur pendille, par fort vent de travers, et entre deux grosses vedettes anglaises immatriculées dans des paradis fiscaux dont les occupants ont très peur que nous les abimions. Ils ont bien raison, car je ne suis pas très sûr d’y arriver dans ces conditions. Par miracle, j’y arrive quand même, à leur grand soulagement.

L’accueil du personnel est assez exceptionnel : c’est la seule marina où l’on m’a offert une bouteille de vin à mon arrivée !

L’endroit est très bien aménagé, bars, restaurants, commerces, proximité d’un arrière pays pittoresque.  Cela vaut bien une journée complète d’escale !

Après La Duquesa, Marbella est très différente : des barres d’immeubles compactes, une marina un peu déshéritée mais propre et bien tenue, à proximité d’une plage à l’eau douteuse,  où flottent des remugles provenant des contributions massives au cycle de l’azote des clients d’une chiringuita  voisine..

Malgré tout, la vieille ville de Marbella vaut le déplacement, et n’a rien à voir avec le front de mer.

A FUENGIROLA, nous devons nous contenter d’un ponton d’attente, qui nous permettra finalement d’étaler facilement un coup de vent nocturne de 25/30 nds.

Il ne  reste que quelques milles à parcourir pour rejoindre BENALMADENA, un peu à l’ouest de MALAGA. Peu de vent, ce qui nous permet de pêcher 3 misérables maquereaux que nous rejetons pour cause de taille insuffisante.

BENALMADENA possède deux marinas dont une  dans le style   des mille et une nuits, où l’on a son bateau et sa voiture directement au pied de l’appartement.

L’arrière pays réserve également de bonnes surprises, et la ville de MALAGA est très agréable et vaut quelques jours supplémentaires !

 

Bon, à part cela, rien à signaler …

                                                                                                                      Patrick COLLETER